EVENT Jun 10
ABSTRACT Jun 10
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Literature in the Face of Collective Blindness

N/A
Organization: (Revue) Post-Scriptum
Categories: Postcolonial, American, Hispanic & Latino, Comparative, Interdisciplinary, French, Genre & Form, Popular Culture, Gender & Sexuality, Literary Theory, Rhetoric & Composition, Women's Studies, World Literatures, African-American, Colonial, Revolution & Early National, Transcendentalists, 1865-1914, 20th & 21st Century, Adventure & Travel Writing, Children's Literature, Comics & Graphic Novels, Drama, Narratology, Poetry, Aesthetics, Anthropology/Sociology, Classical Studies, Cultural Studies, Environmental Studies, Film, TV, & Media, Food Studies, History, Philosophy, African & African Diasporas, Asian & Asian Diasporas, Australian Literature, Canadian Literature, Caribbean & Caribbean Diasporas, Indian Subcontinent, Eastern European, Mediterranean, Middle East, Native American, Scandinavian, Pacific Literature, Miscellaneous
Event Date: 2025-06-10 Abstract Due: 2025-06-10 Abstract Deadline has passed

La litte?rature face a? l’aveuglement collectif

Revue Post-Scriptum, no 40, sous la direction de Glenda Ferbeyre Rodriguez

*** English follow ***

Il n’existe ni formules ni algorithmes pour e?chapper a? la ce?cite? e?piste?mique. Nous avons de?sormais bien de?passe? l’espoir positiviste d’une connaissance transparente du monde, qui, en accumulant du savoir et en apprenant des erreurs de l’histoire, nous rapprocherait d’une sagesse de?finitive.

Faut-il, peut-e?tre, revenir a? Foucault (1969) pour accepter que ce que nous percevons du monde est toujours traverse? de zones d’ombre? Celles-ci, ni fixes ni universelles, prennent a? chaque moment des configurations de savoir-pouvoir diffe?rentes aux contours flous ou? se cachent des ve?rite?s indicibles, condamnant ainsi une partie du re?el au domaine de l’invisible. Foucault (1984) nous invite a? penser un constant de?placement vers la frontie?re, tandis que Desan (1961) plaide pour la reconstruction perpe?tuelle d’une ve?rite? comple?mentaire et additive. Mais quelle que soit l’approche, il semble que la seule objectivite? scientifique a? laquelle nous puissions aspirer soit celle qui renonce a? l’hybris du point ze?ro (Castro Gomez 2007) et accepte que, dans le regard que nous portons sur le monde, il y aura toujours des « angles aveugles ».

Des ce?cite?s, des zones non e?claire?es par la repre?sentativite? des discours, forment tout espace se?miotique. Elles sont constitue?es, notamment, de ce qui reste a? l’exte?rieur de la caverne, dans l’espace illisible du non-texte, mais aussi de tout objet quotidien que nous n’avons pas appris a? nommer, soit parce qu’il n’a pas revendique? avec suffisamment de violence le droit d’e?tre une pratique signifiante, soit parce que sa pre?sence de?fie la stabilite? d’un syste?me logique.

Cette tension entre le visible et l’invisible traverse les grands e?ve?nements historiques, ou? les ide?aux proclame?s occultent souvent des formes persistantes de domination : l’homme qui lutte pour la justice prole?tarienne tout en perpe?tuant la domination de genre dans l’intimite? familiale; les peuples qui re?digent des de?clarations d’inde?pendance et d’e?galite? sur des syste?mes d’oppression esclavagiste; les luttes fe?ministes du Nord global qui s’e?mancipent des ro?les de genre en les transformant en ro?les de classe.

Nous sommes toujours aveugles a? la beaute? et a? la lumie?re des autres, lorsqu’elles ne se codifient pas de fac?on reconnaissable ; aux luttes que nous pensons trop lointaines pour nous atteindre ; a? la souffrance quand elle ne sait pas se de?guiser sous des ide?ologies ou des visages aime?s ; aux strates du re?el dont nous n’avons pas les outils pour les saisir.

Face a? ces aveuglements, la litte?rature agit comme un re?ve?lateur, un espace ou? le visible est constamment rede?fini. Elle ne se contente pas de nous rappeler qu’une pierre est une pierre, comme
le sugge?rait Chklovski avec son concept d’estrangement; elle nous force a? voir la pierre que nous nous acharnons a? ignorer, celle dont la pre?sence de?range, celle dont nous anesthe?sions l’inconfort avec les narcotiques du quotidien.

Dans ce nume?ro de Post-Scriptum, nous voudrions interroger ce a? quoi nous sommes aveugles aujourd’hui. Comment la litte?rature s’emploie-t-elle a? troubler cette ce?cite?? Nous examinerons le pouvoir de la litte?rature : son ro?le dans l’effritement des e?vidences, dans le de?placement du regard, dans la fabrique du sensible. Comment de?voile-t-elle ces angles morts qui, aujourd’hui invisibles, formeront demain le brouillard d’une honte collective? En affrontant ces silences, comment l’e?crivain ou l’e?crivaine de?joue-t-il ou elle la ce?cite? collective? Quels proce?de?s textuels sont mobilise?s pour parvenir a? se faire entendre, a? e?tre pris au se?rieux sans que le texte ne se perde dans l’opacite? de l’incompre?hensible?

De me?me, comment la critique litte?raire peut-elle nous aider a? surmonter notre propre aveuglement esthe?tique, a? reconnai?tre des œuvres et des formes qui e?chappent a? nos cadres de perception habituels? La distance critique constitue-t-elle un point de vue privile?gie?, un de?calage permettant d'y voir plus clair, ou au contraire, peut-elle devenir un autre type d’aveuglement? Comment « voir » les textes pour mieux les saisir tout en respectant leurs propres espaces de liberte??

Nous invitons a? une re?flexion libre, expe?rimentale, ou? la litte?rature apparai?t non seulement comme un re?ve?lateur des aveuglements collectifs, mais aussi comme un champ de bataille ou? se joue, chaque jour, l’organisation du visible (Rancie?re 2000).

Nous encourageons des propositions qui abordent, sans s’y restreindre, les the?mes suivants :

  • La litte?rature comme espace de contestation des re?cits he?ge?moniques et des oublis historiques;
  • Les dispositifs narratifs qui donnent a? voir l’invisible et remettent en question les e?vidences du sens commun;
  • La fonction politique du roman dans la re?e?criture des points aveugles de l’histoire;
  •  Les effets de la traduction et du marche? e?ditorial dans la circulation des re?cits et la visibilisation de certaines œuvres;
  • Les strate?gies rhe?toriques et poe?tiques qui subvertissent la ce?cite? e?piste?mique;
  • La repre?sentation litte?raire de la ce?cite? et sa dimension me?taphorique ou symbolique;
  • L’esthe?tique des frontie?res et la reconfiguration du regard sur les zones de conflit;
  • La revalorisation esthe?tique des œuvres qui ont e?te? mal comprises ou n’ont pas e?te? « vues » a? leur e?poque.

Les propositions anonymise?es (300-500 mots), accompagne?es d’une bre?ve notice bio-bibliographique, sont a? envoyer avant le 10 juin a? redaction@post-scriptum.org.

Re?fe?rences bibliographiques

Castro Go?mez, Santiago. “Decolonizar La Universidad. La Hybris Del Punto Cero y El Dia?logo de Saberes.” Dans El Giro Decolonial. Reflexiones Para Una Diversidad Episte?mica Ma?s Alla? Del Capitalismo Global. Bogota : Siglo del Hombre Editores, 2007.

Desan, Wilfrid. The Planetary Man. A Noetic Prelude to a United World, Vol. 1. Washington, D.C : Georgetown University Press, 1961.

Foucault, Michel. L’arche?ologie Du Savoir. Paris : Gallimard, 1969.
______________. « Qu’est-ce que les Lumie?res ? ». Dans Dits et e?crits, tome IV. Paris :

Gallimard, 1984 : 562-578.
Rancie?re, Jacques. Le partage du sensible : esthe?tique et politique. Paris : la Fabrique, 2000.

 

 

 

Literature in the face of Collective Blindness

There are no formulas or algorithms that can save us from epistemic blindness. We are long past the positivist hope of gaining a transparent understanding of the world—one that, by accumulating knowledge and learning from history’s mistakes, might eventually lead to definitive wisdom.

Foucault (1969) reminds us that what we perceive of the world is always shaped by shadows. These shadows—neither fixed nor universal—are continually reconfigured through shifting constellations of power and knowledge. Their contours are blurred, hiding unspeakable truths and restricting parts of reality to the realm of the invisible. Foucault (1984) urges us to move constantly toward the margins, while Desan (1961) advocates for the ceaseless reconstruction of complementary, additive truths. Whatever path we take, it seems the only form of scientific objectivity we can truly aspire to is one that renounces the zero-point hubris (Castro Go?mez 2007) and acknowledges that our understanding of the world will always remain partial and incomplete.

Every semiotic space is defined as much by what it conceals as by what it reveals. The areas left in shadow—outside the reach of dominant discourse—are populated by what remains unspoken: what lies outside the cave, in the illegible space of the non-text, and the everyday objects or practices we have never learned to name. These might go unnoticed because they have not insisted, forcefully enough, on their right to signify, or because their presence disrupts the coherence of existing systems.

This tension between visibility and obscurity is woven into the fabric of major historical events, where lofty ideals often mask enduring forms of domination: the man who fights for proletarian justice while maintaining patriarchal structures at home; nations that proclaim independence and equality while upholding systems of enslavement; the feminist movements of the Global North that shed gender roles only to translate them into class distinctions.

We remain impervious to the beauty and brilliance of others when it does not follow familiar codes; to struggles we deem too distant to touch us; to pain that fails to clothe itself in beloved ideologies or recognizable faces; to aspects of reality that we lack the tools or frameworks to grasp.

Against these blind spots, literature operates as a revelatory force—a space where the visible is continuously renegotiated. Literature does more than remind us, as Shklovsky claimed with his theory of estrangement, that a stone is a stone. It compels us to confront the stone we’ve been trained to ignore—the one that unsettles us, the one whose discomfort we numb with the narcotics of daily life.

This issue of Post-Scriptum invites reflections on what remains unseen today. How does literature work to unsettle these zones of invisibility? We aim to explore the power of literary writing: its
role in dissolving certainties, in shifting perception, in reshaping what can be felt and understood. How does it bring to light what has been pushed into the margins, what might resurface tomorrow as a source of collective shame? How do writers confront and resist this selective perception, navigating silence and opacity? What literary strategies allow them to be heard, to be taken seriously, without their texts being swallowed by incomprehensibility?

We also invite reflections on the role of literary criticism in overcoming aesthetic limitations. Can it help us recognize works and forms that lie outside our usual interpretive lenses? Does critical distance offer a privileged vantage point, or might it become a new mode of blindness? How do we learn to “see” texts more clearly, while also respecting their spaces of freedom and ambiguity?

We welcome freeand experimental contributions that engage literature not only as a medium for revealing what remains hidden, but also as a battleground where the visible is contested and reconfigured daily (Rancie?re 2000).

Possible topics include (but are not limited to):

  • Literature as a site of resistance to hegemonic narratives and historical erasure;
  • Narrative strategies that make the invisible perceptible and challenge common-sense assumptions;
  • The political function of the novel in revisiting what history has neglected or suppressed;
  • The role of translation and publishing in shaping narrative circulation and determining visibility;
  • Rhetorical and poetic devices that subvert epistemic limitations;
  • Literary representations of blindness and their metaphorical or symbolic dimensions;
  • The aesthetics of borders and the shifting gaze in zones of conflict;
  • The critical reassessment of works that were misunderstood or ignored in their time.

Anonymous proposals (300–500 words), accompanied by a brief bio-bibliographical note, should be submitted by June 10 to redaction@post-scriptum.org.

References

Castro Go?mez, Santiago. “Decolonizar La Universidad. La Hybris Del Punto Cero y El Dia?logo de Saberes.” In El Giro Decolonial. Reflexiones Para Una Diversidad Episte?mica Ma?s Alla? Del Capitalismo Global. Bogota : Siglo del Hombre Editores, 2007.

Desan, Wilfrid. The Planetary Man. A Noetic Prelude to a United World, Vol. 1. Washington, D.C : Georgetown University Press, 1961.

Foucault, Michel. L’arche?ologie Du Savoir. Paris : Gallimard, 1969.
______________. « Qu’est-ce que les Lumie?res ? ». In Dits et e?crits, tome IV. Paris : Gallimard,

1984 : 562-578.
Rancie?re, Jacques. Le partage du sensible : esthe?tique et politique. Paris : la Fabrique, 2000.

 

 

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